Après avoir dénoncé le scandale de la guerre en Tchétchénie, Anna Politkovska'ia élargit son regard de Moscou jusqu'au Kamtchatka. Ç devient la Russie sous la conduite de Vladimir Poutine ? À travers une succession de récits et de rencontres, en reprenant des dossiers tels que ceux des criminels de guerre, des " petits arrangements " qui lient mafia, police et justice, ou des tragédies des prises d'otages à Moscou ou à Beslan, la journaliste de Novaiâ Gazeta dresse un portrait douloureux de ses concitoyens et de son pays. La violer de l'armée, le cynisme des nouveaux riches, le désarroi des simples gens, le déclin des intellectuels, la dignité galvaudée de ceux s'efforcent, malgré les difficultés et les avanies, de servir honorablement leur patrie, le mépris du pouvoir pour les victimes de ses erreurs tout ou presque laisse mal augurer de l'avenir. Au fil des pages, c'est l'inhumanité du régime russe et de son premier dirigeant qui transpire. " Pourquoi je n'aime pas Poutine ? " s'interroge Anna Politkovskaïa. La réponse est simple et nette : " Parce qu'il n'aie pas son peuple ! " Parce qu'il se comporte dans la plus pure tradition du KGB dont il est issu, avec un cynisme inégalable. Pour lui, écrit-elle " nous ne sommes rien, alors qu'il est tsar ou Dieu ".
Anna S. Politkovskaja Livres
Cette journaliste et militante des droits de l'homme russe s'est fait connaître par son opposition au conflit tchétchène et aux politiques du président Poutine. Elle a consacré sa carrière à documenter les horreurs de la Tchétchénie, se mettant à plusieurs reprises en grave danger. Ses livres révèlent les réalités sombres de la guerre et de la répression politique. Par sa position intransigeante et son courage, elle est devenue un symbole de la lutte pour la vérité.



En arrivant au Kremlin en 2000, Vladimir Poutine avait promis d'instaurer en Russie la " dictature de la loi ". L'ancien agent du KGB s'engageait à mettre fin à la corruption, à ramener à la raison l'irrédentisme tchétchène, à offrir à chaque citoyen un niveau de vie décent... Mais s'il y a bel et bien une dictature en Russie, c'est celle exercée par un pouvoir impitoyable qui ne se soucie de la loi que lorsque cela l'arrange, explique Anna Politkovskaïa dans cette bouleversante chronique d'un pays à la dérive. Au fil des jours, la journaliste de la Novaïa Gazeta, l'un des derniers organes de presse indépendants, dresse un constat terrible de la " poutinisation ". Loin d'être pacifiée, la Tchétchénie demeure plus que jamais une zone de non-droit. La " verticale du pouvoir " écrase toute opposition digne de ce nom, n'hésitant pas à truquer grossièrement les élections. Sur la totalité du territoire, une bureaucratie corrompue pille les citoyens. Au sommet de ce système " néosoviétique ", un homme : Vladimir Poutine. Combien de temps encore la population, apeurée et désespérée, va-t-elle se laisser faire ? Si révolution il y a en Russie, elle ne sera ni rose comme en Géorgie, ni orange comme en Ukraine. Elle sera couleur rouge sang, prédit Anna Politkovskaïa.