Autour de Burchard de Worms
- 364pages
- 13 heures de lecture
À partir du milieu du IXe siècle, le royaume de Germanie se distingue dans la lutte de l'Église d'Occident contre les mariages entre apparentés. La législation oscille jusqu'à la fin du Xe siècle entre une approche modérée, influencée par Raban Maur, et un courant plus rigoureux, comme le montre le concile de Worms de 868. Vers l'an Mil, l'Église impériale, avec le soutien des souverains ottoniens, adopte une politique de répression systématique des unions consanguines. Ce durcissement se manifeste dans le Décret de Burchard de Worms (v. 1010), qui rejette les solutions de Raban Maur au profit d'une législation renforçant les normes et facilitant les poursuites. Cette évolution entraîne, au XIe siècle, des procès et des tensions entre l'épiscopat et les grandes familles concernées, y compris la dynastie salienne, qui fait face à des inquiétudes en 1024 et 1043. À mi-siècle, Léon IX et les papes allemands étendent cette répression à l'Europe chrétienne, tandis que les options de Burchard s'imposent dans les codes canoniques. L'Église grégorienne n'ajoute qu'une officialisation des sept degrés d'interdit et un système de dispense plus flexible. Vers 1080-1100, alors que la lutte contre l'inceste s'intensifie en France, les procès de mariage s'interrompent en Allemagne, l'Église impériale ayant réussi à rendre exceptionnels les mariages entre très proches parents.
