L'œuvre poétique d'Hermann Hesse, souvent mal comprise en raison de la clarté de son écriture, s'oppose à la consternation de l'après-guerre. Héritière de Goethe et Schiller, elle répond au désastre historique en proposant une poétique de l'allégresse, visant à réharmoniser l'être humain avec son monde et lui-même. Influencée par Nietzsche, Hesse découvre cette dynamique d'allégresse à travers Dionysos, capable de faire face au tragique grec sans céder à la mélancolie. Plutôt que de glorifier la jouissance de soi présente chez Zarathoustra, il consacre sa poésie à un dialogue intérieur, cherchant à exprimer ce qu'il y a d'humain en chacun, ce dont on peut se réjouir et transmettre. De "Loup des steppes" au "Jeu des perles de verre", son exploration de l'histoire des idées et son écriture utopique révèlent des figures allégoriques de l'allégresse, invitant chacun à découvrir ses propres possibilités de bonheur. Cette lecture critique de Nietzsche met en lumière un autre Nietzsche et un autre Hesse, établissant un nouveau dialogue avec eux et soulignant l'actualité de leur esthétique du bonheur. Elle montre que l'allégresse est au cœur de toute créativité poétique et culturelle, qu'elle a été, qu'elle est et qu'elle sera toujours présente.
