Censeur impitoyable, pourfendeur corrosif du genre humain de la trempe d'un Paul Leautaud, Karl Kraus avait horreur des journalistes, des hommes politiques, des intellectuels, des historiens et de l'art de son temps qu'il assimilait a un cosmetique. Pour lui, le liberalisme se confond avec l'hedonisme, les juges avec les bourreaux, la haute finance avec les maitres de la boucherie, et la psychanalyse n'est rien d'autre qu'une vaste plaisanterie.Dans un style denue de concessions, les aphorismes de Kraus - condense d'humour incisif et de fulgurances rageuses - mettent en pieces tout ce que la societe porte au pinacle.
Karel Kraus Ordre des livres
Karl Kraus s'impose comme une figure de proue de la satire européenne, souvent considéré comme le premier grand satiriste du continent depuis Jonathan Swift. Son esprit incisif et sa vision critique se sont principalement dirigés vers la presse, l'état de la culture allemande et les paysages politiques de l'Allemagne et de l'Autriche. À travers son œuvre polyvalente d'écrivain, de journaliste, de dramaturge et de poète, Kraus a utilisé les aphorismes et les essais comme des outils puissants pour disséquer et critiquer la société de son époque, laissant une marque indélébile sur le discours littéraire et journalistique.







- 2019
- 2013
Combien de temps cela va-t-il encore durer ? Devant les yeux fatigués du meurtre, devant les oreilles fatiguées de la tromperie, devant tous les sens qui ne veulent plus et sont révulsés par cette mixture de sang et de mensonge. J'avais l'impression d'entendre ce cri : " Ne dormez plus, Macbeth assassine le sommeil ! " Un pauvre peuple lève la main droite, en signe de conjuration, vers cette mèche qui déclenche les calamités : " Combien de temps encore ? " Moins de temps que durera le souvenir de tous ceux qui ont souffert l'indescriptible : coeurs piétinés, volontés brisées, honneurs souillés, toutes ces minutes de bonheur ravies ! Le temps que les bons esprits se raniment pour passer à l'action à l'heure des représailles.
- 2005
ET SI SURTOUT la perte de la culture n'était pas achetée au prix de vies humaines ! La moindre d'entre elles, ne serait-ce même qu'une heure arrachée à la plus misérable des existences, vaut bien une bibliothèque brûlée. L'industrie intellectuelle bourgeoise se berce d'ivresse jusque dans l'effondrement lorsqu'elle accorde plus de place dans les journaux à ses pertes spécifiques qu'au martyre des anonymes, aux souffrances du monde ouvrier, dont la valeur d'existence se prouve de façon indestructible dans la lutte et l'entraide, à côté d'une industrie qui remplace la solidarité par la sensation et qui, aussi vrai que la propagande sur les horreurs est une propagande de la vérité, est encore capable de mentir avec elle. Le journalisme ne se doute pas que l'existence privée, comme victime de la violence, est plus près de l'esprit que tous les déboires du négoce intellectuel. Et surtout cet univers calamiteux qui occupe désormais tout l'horizon de notre journalisme culturel.
- 1998
Manuel de photogrammétrie
- 407pages
- 15 heures de lecture
- 1998
Aphorismes
- 99pages
- 4 heures de lecture
- 1990