Une république lumineuse
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Depuis plusieurs années, le vieux loup du Grand Sud annonçait qu'il travaillait à un livre sur les Naufrages, qu'il avait conçu, semble-t-il, comme une sorte de prise de congé. Il en a achevé la rédaction peu avant le début de cette année 2002 qui le verra fêter ses 92 ans. Comme toujours chez lui ou presque, on a affaire à l'un de ces livres inclassables, hirsutes, où la fiction et l'autobiographie poursuivent une étrange partie de cache-cache. Ecrit dans le sillage du Passant du bout du monde (Phébus 2000), qui avait surpris la critique par sa verdeur intacte, par sa jeunesse déraisonnable, Naufrages peut se lire comme le chant d'adieu d'un homme qui s'est toujours ingénié à conformer sa vie - et son œuvre aux rands rêves de son enfance. Une leçon de fidélité. Et une nouvelle invite à prendre le large...
Qu'est-ce qui rapproche un pirate de la mer du Nord, mort il y a 600 ans, un militant qui attend le 31 mars l'éclosion des roses d'Atacama, un instituteur exilé qui rêve de son école et s'éveille avec de la craie sur les doigts, un Italien arrivé au Chili par erreur, marié par erreur, heureux à cause d'une autre énorme erreur et qui revendique le droit de se tromper, un Bengali qui aime les bateaux et les amène au chantier où ils seront détruits en leur racontant les beautés des mers qu'ils ont sillonnées ? Peut-être cette frontière fragile qui sépare les héros de l'Histoire des inconnus dont les noms resteront dans l'ombre. Leurs pas se croisent dans les pages de ce livre. Voici, riche d'une humanité palpable, dans un style direct et incisif, toutes ces vies recueillies par un voyageur exceptionnel, capable de transformer la tendresse des hommes en littérature.