Emmanuel Carrère explore dans son œuvre foisonnante les thèmes centraux de l'interrogation de l'identité, du développement de l'illusion et de la direction de la réalité. Son style littéraire, qui brouille avec fluidité les frontières entre fiction et non-fiction, plonge le lecteur dans de profondes réflexions sur la condition humaine. Carrère entrelace avec maestria expériences personnelles et thèmes universels, créant ainsi des récits à la fois intimes et stimulants. Son approche singulière de l'écriture en fait une voix marquante de la littérature française contemporaine.
En septembre 2021, Emmanuel Carrère couvre le procès V13 à Paris, suite aux attentats du 13 novembre 2015. À travers ses chroniques, il explore le traumatisme national, les perspectives des victimes et des coupables, et interroge les racines du terrorisme. Un récit poignant sur la quête de guérison d'une société bouleversée.
C'est l'histoire d'un livre sur le yoga et la dépression, la méditation et le terrorisme, l'aspiration à l'unité et le trouble bipolaire. Un écrivain, qui pense avoir trouvé un équilibre après 25 ans de pratique du yoga, souhaite écrire un ouvrage "souriant et subtil". Il définit le yoga comme un ensemble de disciplines pour élargir la conscience, nous permettant d'accéder à notre essence au-delà de notre "moi" confus. Cependant, alors qu'il commence son récit, des fissures apparaissent : mensonges, trahisons et crises personnelles, notamment le terrorisme et la crise migratoire. Hospitalisé à Sainte-Anne pour des électrochocs, il partage son expérience hallucinée, son désir suicidaire et l'effondrement de son mariage. Il doit également rompre avec une maîtresse, tout en cherchant à échapper à l'horreur. Ses péripéties incluent un reportage en Irak et des rencontres avec des migrants en Grèce, ainsi que des souvenirs obsédants. Ce récit explore la dépression et la bipolarité, questionnant la frontière entre fiction et réalité. Carrère examine les luttes intérieures et la quête de rédemption, tout en utilisant le yoga comme un miroir romanesque pour aborder la complexité de l'être humain. Un livre à la fois aimant, drôle et terrifiant, offrant une réflexion profonde sur la difficulté d'être soi.
« A un moment de ma vie, j'ai été chrétien. Cela a duré trois ans. C'est passé. Affaire classée, alors ? Il faut qu'elle ne le soit pas tout à fait pour que, vingt ans plus tard, j'aie éprouvé le besoin d'y revenir. Ces chemins du Nouveau Testament que j'ai autrefois parcourus en croyant, je les parcours aujourd'hui - en romancier ? en historien ? Disons en enquêteur. » (4e de couv.)
Dès le début de cette histoire, une menace plane sur Nicolas. Nous le sentons, nous le savons, tout comme il le sait, au fond de lui-même l'a toujours su. Pendant la classe de neige, ses peurs d'enfant vont tourner au cauchemar. Et si nous ignorons d'où va surgir le danger, quelle forme il va prendre, qui va en être l'instrument, nous savons que quelque chose est en marche. Quelque chose de terrible, qui ne s'arrêtera pas. Avec présentation, notes, dossier et cahier photos par Fanny Taillandier.
"À un moment de ma vie, j'ai été chrétien. Cela a duré trois ans. C'est passé. Affaire classée, alors ? Il faut qu'elle ne le soit pas tout à fait pour que, vingt ans plus tard, j'aie éprouvé le besoin d'y revenir. Ces chemins du Nouveau Testament que j'ai autrefois parcourus en croyant, je les parcours aujourd'hui en romancier? en historien ? Disons en enquêteur."--Page [4] of cover.
« Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».
A quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui
me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle
d'une jeune femme pour ses enfants et son mari. Quelqu'un m'a dit alors : tu
es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire? C'était une commande, je
l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé a raconter l'amitié entre
un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et
tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal
d'instance de Vienne (Isere). Il est question dans ce livre de vie et de mort,
de maladie, d'extreme pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est
vrai.
« La folie et l'horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j'ai écrits ne parlent de rien d'autre. Après L'adversaire, je n'en pouvais plus. J'ai voulu y échapper. » À la fois quête des origines, carnet de bord, récit d'un fait divers et d'une passion amoureuse, Un roman russe est une œuvre autobiographique dense et captivante. Emmanuel Carrère y restitue avec talent la complexité d'un homme dont la vie ressemble à ses livres.
Une nuit, un scénariste de Hollywood imagina en rêve la plus gracieuse et originale des histoires. Du début à la fin, il en suivit la progression dramatique imparable, les péripéties, l'agencement ingénieux et naturel. Dans un demi-sommeil, il griffonna quelques mots qui, peut-être, lui permettraient de reconstituer la merveille, le lendemain. Au matin, il trouva sur son bloc le résumé lapidaire de ce qui lui avait paru si neuf - et qui l'était, n'en doutons pas : Boy meets girl. On pourrait résumer ainsi L'Amie du jaguar : un garçon rencontre une fille. Son sujet choisi, l'auteur a tâché d'organiser cette rencontre et de raconter ce qui en résulte selon la capricieuse nécessité qui, dans son rêve, avait émerveillé le scénariste. Ainsi est-il question, dans ce roman, des rites funéraires en usage dans la colonie française de Surabaya (Indonésie), d'un jeu appelé le loto chantant, des rapports entre les sentiments exprimés dans une lettre et le bureau de poste choisi pour l'expédier, de stations prolongées dans des ascenseurs, de parenthèses, d'un ou plusieurs crimes atroces dissimulés dans un manuel de graphologie, de grimaces, de quatorze karatékas, d'un trafic de zombies entre Biarritz et Surabaya, d'amour surtout et de fabulations. Cette liste, bien entendu, n'est pas exhaustive.
La folie et l'horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j'ai écrits ne parlent de rien d'autre. Après L'Adversaire, je n'en pouvais plus. J'ai voulu y échapper. J'ai cru y échapper en aimant une femme et en menant une enquête. L'enquête portait sur mon grand-père maternel, qui après une vie tragique a disparu à l'automne 1944 et, très probablement, été exécuté pour faits de collaboration. C'est le secret de ma mère, le fantôme qui hante notre famille. Pour exorciser ce fantôme, j'ai suivi des chemins hasardeux. Ils m'ont entraîné jusqu'à une petite ville perdue de la province russe où je suis resté longtemps, aux aguets, à attendre qu'il arrive quelque chose. Et quelque chose est arrivé : un crime atroce. La folie et l'horreur me rattrapaient. Elles m'ont rattrapé, en même temps, dans ma vie amoureuse. J'ai écrit pour la femme que j'aimais une histoire érotique qui devait faire effraction dans le réel, et le réel a déjoué mes plans. Il nous a précipités dans un cauchemar qui ressemblait aux pires de mes livres et qui a dévasté nos vies et notre amour. C'est de cela qu'il est question ici : des scénarios que nous élaborons pour maîtriser le réel et de la façon terrible dont le réel s'y prend pour nous répondre.