La notion de personne connaît de nos jours une vogue ambiguë dans les débats éthiques ou les discours politiques : on ne souligne parfois le respect dû à la personne que pour mieux suggérer que tous les hommes ne sont peut-être pas des personnes. Entre le point de vue purement intérieur du " sujet " et la perspective externe (celle du sociologue, par exemple) dans laquelle " les individus " sont saisis, les personnes, qui n'existent qu'au pluriel et dans une communauté de reconnaissance de l'unicité de chacune, sont le lieu fragile où s'atteste la dignité humaine. Spirituelles mais faites de chair et de sang, libres mais toujours ancrées dans un contexte, les personnes sont les êtres qui ont une nature. Déployant toute la richesse de cette expression, alternant, dans un style limpide, les exemples concrets et les références précises à l'histoire de la pensée, Robert Spaemann propose ici une synthèse magistrale entre l'engagement résolu et la profondeur philosophique.
Robert Spaemann Ordre des livres
Robert Spaemann fut un influent philosophe allemand connu pour ses profondes explorations de l'éthique, de l'anthropologie et de la philosophie politique. Ses écrits abordaient fréquemment les questions fondamentales de l'existence humaine, la nature de la conscience et les fondements moraux de la société. Spaemann cherchait à relier la pensée philosophique traditionnelle aux enjeux contemporains, offrant aux lecteurs une perspective réfléchie sur la complexité du monde. Son style clair et précis a été reconnu, et son œuvre continue d'inspirer de nouvelles réflexions sur les concepts philosophiques.







- 2010
- 2008
Considéré comme le penseur de la Réaction. Louis de Bonald est en fait un moderne qui s'ignore. Son projet intellectuel a consisté à subvertir la pensée et les concepts des Lumières pour construire un système qui refonde rationnellement la légitimité monarchique en reprenant à son compte toutes les grandes idées de la modernité politique tout en les réinterprétant dans un sens opposé à celui de la Révolution. La pensée bonaldienne dévoile le caractère élastique des concepts modernes. Robert Spaemann montre comment les efforts du vicomte de Bonald pour refonder une philosophie sociale l'amènent finalement à faire de la théorie de la société une forme de prima philosophia tellement englobante qu'elle envient à prendre la place de la métaphysique Père de la sociologie. Louis de Bonald annonce Comte et Maurras mais également Lamennais.
- 1997
Bonheur et bienveillance
- 304pages
- 11 heures de lecture
Dans la philosophie morale d'aujourd'hui, y a-t-il encore une place pour ce que les Grecs nommaient l'eudaimonia, le bonheur ou la réussite de la vie ? Telle pourrait être la forme moderne de la question fondatrice de toute éthique : entre la dispersion des instants de plaisir et l'unité impersonnelle du devoir, quelle norme commune peut éclairer l'homme dans la conquête de son humanité ? Robert Spaemann, dans cet essai sur l'éthique, montre à la fois comment cette question s'enracine et se différencie à travers toute la tradition philosophique, et quels sont les problèmes sans précédent qui, aujourd'hui, appellent le philosophe à la reprendre à nouveaux frais. La réponse proposée par Robert Spaemann tient en deux éléments principaux : rappeler, contre les théories modernes réductionnistes, qu' "il n'y a pas d'éthique sans métaphysique " ; montrer que ce fondement métaphysique trouve son expression dans l'expérience de la " bienveillance ", par laquelle le sujet s'éveille à la raison et à la réalité d'autrui. C'est cet " éveil " qui peut motiver la structuration de l'amour par la responsabilité, et son aboutissement dans le pardon.