Antonin Artaud fut un dramaturge, poète et metteur en scène français dont l'influence sur la théorie du drame moderne est profonde. Initialement associé à des écrivains et artistes surréalistes, il s'en sépara plus tard pour poursuivre indépendamment ses visions théâtrales radicales. Artaud critiqua le théâtre occidental conventionnel de son époque, le jugeant excessivement dépendant de intrigues ordonnées et d'un langage écrit. Il prôna le théâtre comme une expérience viscérale et percutante conçue pour submerger et affecter physiquement le public, employant des formes troublantes d'éclairage et de son pour créer une sensation de 'tourbillon' qui engloutirait et déséquilibrerait les spectateurs.
Ce livre explore la quête de soi à travers une introspection profonde, où l'auteur décompose la parole et cherche le néant. Il évoque une lutte contre l'esprit pour révéler une existence concentrée sur la douleur perpétuelle et l'ombre, plongeant ainsi dans la nuit de l'âme.
Une poésie où se révèle toute la force d'une révolte ontologique, une révolte absolue affranchie de toutes les croyances, pour s'en tenir aux seules sonorités, aux seuls timbres, aux seules vibrations des choses. Ce texte fut suivi d'une polémique, car dès l'intitulé vengeur, l'oeuvre d'Artaud attaquait de front la forme suprême de l'oppression. Elle parut au lendemain de sa mort, en 1948
Ce livre envoûtant, le plus construit et le plus documenté des écrits d'antonin Artaud est aussi le plus imaginaire.
Celui qui ne verrait dans Le théâtre et son double qu'un traité inspiré montrant comment rénover le théâtre - bien qu'il y ait sans nul doute contribué -, celui-là se méprendrait étrangement. C'est qu'Antonin Artaud, quand il nous parle du théâtre, nous parle surtout de la vie, nous amène à réviser nos conceptions figées de l'existence, à retrouver une culture sans limitation. Le théâtre et son double est une œuvre magique comme le théâtre dont elle rêve, vibrante comme le corps du véritable acteur, haletante comme la vie même dans un jaillissement toujours recommencé de poésie.
Si, en 1936, un poète désespéré par l'Europe n'avait cherché, au prix de difficultés et de souffrances incroyables, à se porter à la rencontre des Tarahumaras, mangeurs de peyotl, leur nom ne nous serait pas aussi familier, il ne serait pas devenu ce vocable évocateur de fabuleux paysages : montagnes peuplées d' " effigies naturelles " et gravées de signes magiques, ciels qui auraient inspiré leurs bleus aux peintres d'avant la Renaissance, cortèges de Rois mages apparaissent à la tombée du jour dans un " pays construit comme des pays de peinture " ; et, pour beaucoup d'entre nous, les Tarahumaras ne seraient pas ce peuple fier et intact, obsédé de philosphie, qui a su maintenir, en des danses accompagnées de miroirs, de croix, de clochettes ou de râpes, les grands rites solaires : rite du peyotl au cours duquel un mystérieux alphabet sort du foie du participant et se répand dans l'espace, rite des rois de l'Atlantide déjà bien étrangement décrit par Platon, rite sombre du Tutuguri avec son tympanon lancinant.