Ludwig Andreas Feuerbach fut un philosophe allemand réputé pour sa critique radicale de la religion, particulièrement du christianisme, qui influença profondément les générations ultérieures de penseurs. Son œuvre examine la religion comme un phénomène anthropologique, cherchant le fondement de la solidarité humaine dans le matérialisme. Feuerbach est considéré comme une figure clé de la transition de l'idéalisme hégélien au matérialisme marxiste. Ses écrits ultérieurs se concentrèrent sur le développement d'une éthique humaniste ancrée dans la connexion humaine.
D'abord disciple enthousiaste de Hegel, Ludwig Feuerbach (1804-1872) pousse sa fidélité au programme de l'idéalisme allemand jusqu'à le dépasser. Dans une série de textes incisifs des années 1840, dont les Thèses provisoires en vue d'une réforme de la philosophie, il formule sa " philosophie de l'avenir " qui, pour surmonter le dualisme ascétique, se propose de réconcilier le cœur et la tête, la chair et l'esprit, l'essence et l'existence. Avant Nietzsche, l'auteur de L'Essence du christianisme s'emploie à démasquer les forces d'aliénation à l'œuvre dans toute philosophie de l'Absolu.
La méditation, sur la mort comme "maître absolu " nous fait sentir combien nous sommes vulnérables, tous, autrui, et nous-même, et, par ce sentiment, nous comprenons que poser l' "identité de la pensée et de l'être " est un pâle refuge, qui laisse en dehors de lui l'humanité exposée, laborieuse, souffrante, nécessiteuse, véritablement philosophique. C'est le sentiment de la mort et de son caractère irrémédiable qui nous ouvre avec force à la conscience d'autrui et du monde, c'est-à-dire à l' "identité du Je et du Tu ". Connaissant de l'intérieur cette vérité, le jeune Ludwig Feuerbach ne peut demeurer un philosophe philistin ésotérique ; il ne se veut plus qu'un écrivain exotérique, livré aux critiques parce qu'il ose se livrer à la Critique, dans la vérité nue.
" L'essence du christianisme a frappé d'un " coup de tonnerre " philosophique le monde des intellectuels révolutionnaires " jeunes-hégéliens " allemands : " Nous fûmes tous feuerbachiens " (Engels). L'intervention de Feuerbach marque un tournant décisif dans la formation de la pensée de Marx. Marx a " épousé " la pensée de Feuerbach pendant des années. Il a dû passer par Feuerbach pour devenir Marx. Il est devenu Marx en se séparant de Feuerbach. L'essence du christianisme n'a rien perdu de sa force révélatrice. Les philosophes seront frappés de découvrir dans ce livre des problèmes, des principes, de formules et des catégories philosophiques qui sont au cœur même de la pensée contemporaine. L'essence du christianisme a été le miroir et la solution provisoire de la crise des philosophes jeunes-hégéliens dans les années 1841-1845. On constatera avec quelle étonnante profondeur Feuerbach annone et devance, à un titre ou un autre, par contraste ou parenté, Marx, Nietzsche, Freud, Husserl, certains thèmes de Heidegger, Barth et la théologie récente, etc. L'essence du christianisme est, aujourd'hui encore, un ouvrage scandaleux. Car il porte sur la religion chrétienne et divise les hommes. Il oblige à se prononcer sur ce qui est sans doute la question cruciale de la philosophie contemporaine : religieuse, OU pour une philosophie consciemment et rigoureusement antireligieuse. "
Ludwig Feuerbach est l'un des principaux penseurs allemands du XIXème siècle. Critique tant de la théologie que de la philosophie spéculative, il est le fondateur d'une anthropologie philosophique dans laquelle puise notre réflexion contemporaine. Les "Pensées sur la mort et l'immortalité" se situent sur le seuil de notre modernité à laquelle elles introduisent malgré elles. Feuerbach critique au nom de la raison la croyance en une immortalité personnelle : en éliminant de l'esprit des hommes la préoccupation permanente de l'au-delà, il espère les rendre entièrement disponibles pour les tâches de l'ici-bas, les exhortant, hommes parmi les hommes, à découvrir l'immortalité en acceptant l'idée d'une mort véritable