Reinhard Höhn (1904-2000) est l'archétype de l'intellectuel technocrate au service du IIIe Reich. Juriste, il se distingue par la radicalité de ses réflexions sur la progressive disparition de l'État au profit de la "communauté" définie par la race et son "espace vital". Brillant fonctionnaire de la SS - il termine la guerre comme Oberführer (général) -, il nourrit la réflexion nazie sur l'adaptation des institutions au Grand Reich à venir - quelles structures et quelles réformes ? Revenu à la vie civile, il crée bientôt à Bad Harzburg un institut de formation au management qui accueille au fil des décennies l'élite économique et patronale de la République fédérale : quelque 600 000 cadres issus des principales sociétés allemandes, sans compter 100 000 inscrits en formation à distance, y ont appris, grâce à ses séminaires et à ses nombreux manuels à succès, la gestion des hommes. Ou plus exactement l'organisation hiérarchique du travail par définition d'objectifs, le producteur, pour y parvenir, demeurant libre de choisir les moyens à appliquer. Ce qui fut très exactement la politique du Reich pour se réarmer, affamer les populations slaves des territoires de l'Est, exterminer les Juifs. -- Provided by publisher
Johann Chapoutot Ordre des livres
Johann Chapoutot est professeur d'histoire contemporaine à l'université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Spécialiste de l'histoire de la culture nazie et d'histoire politique et culturelle contemporaine, ses travaux explorent en profondeur la pensée et l'action des nazis. Il analyse de manière critique leur idéologie et son profond impact culturel.






- 2020
- 2018
De l'histoire de l'Allemagne, nous avons surtout retenu ce qui nous concerne : 1870, deux guerres mondiales, les horreurs du nazisme, le mur et sa chute, la puissance économique retrouvée depuis la réunification. Nous savons aussi l'apport littéraire et philosophique des Allemands. Raconter l'Allemagne contemporaine, c'est évidemment revenir sur ces faits. C'est peut-être aussi, de 1806 à nos jours, suivre le fil de la lente construction d'une démocratie libérale. « Unité, droit et liberté » sont les trois premiers mots de l'hymne choisi par les Allemands en 1949. Ils disent le dessein ancien, proclamé dès 1813 et qui s'est réalisé pendant la seconde moitié du XXe siècle, de faire nation dans la liberté et le droit. Pour donner à comprendre cette histoire complexe et souvent mal connue, Johann Chapoutot a composé un récit historique aussi riche que vivant, où se mèlent événements politiques, vie culturelle et paroles d'Allemands.
- 2018
Deux grands noms de l'histoire de l'Allemagne contemporaine dressent une biographie renouvelée du personnage le plus fantasmé du XXe siècle. D'où venait Hitler, quel était son véritable buit et l'a-t-il atteint ? Plus qu'un portrait, c'est un parcours, entre échecs personnels et succès politiques, entre folles obsessions et pragmatisme froid, que retracent Johann Chapoutot et Christian Ingrao. L'une de ses prophéties était :"Il n'y aura plus jamais de novembre 1918 dans l'histoire allemande" ; lui et le peuple allemand ne survivraient pas à la défaite. En déconstruisant méthodiquement le mythe – cette ambition ultime d'Hitler et de Goebbels –, le travail de l'historien peut aider à vaincre une dernière fois le nazisme : Hitler n'était pas un personnage particulièrement remarquable, et pourtant il a su séduire et convaincre ; son projet promettait le bonheur et le règne aux Allemand, et l'ampleur de ses crimes est inédite et documentée. Comment a-t-il pu entraîner toute une population aussi loin dans le meurtre et, in fine, l'autodestruction ? -- 4ème de couverture.
- 2015
Des soldats noirs face au Reich
- 175pages
- 7 heures de lecture
Une "guerre pour la civilisation" germanique et pour l'Europe blanche : c'est ainsi que les nazis présentaient leur entreprise, qui avait également une dimension de revanche, à la fois sur la Première Guerre mondiale et sur la "honte noire" infligée par les Français. En effet, depuis les années 1920, racistes et xénophobes allemands ne décoléraient pas : la France avait osé faire occuper le territoire de l'Allemagne par des soldats de couleur, issus des troupes coloniales. Lors de la campagne de France, en mai-juin 1940, environ trois mille de ces soldats coloniaux ont été assassinés, en-dehors de toute action de combat, par des unités militaires allemandes issues de la Wehrmacht et de la Waffen-SS. Ce livre revient sur ces événements, sur leur contexte historique et idéologique, sur le mépris du droit international affiché par l'Allemagne nazie, et sur le sort des soldats coloniaux qui échappèrent à la mort et partirent en captivité.
- 2010
Le meurtre de Weimar
- 128pages
- 5 heures de lecture
Quand la République de Weimar est-elle morte ? On retient généralement un événement central : l'appel à la chancellerie, à Berlin, d'Adolf Hitler. On ne prête guère d'attention à un autre fait, provincial, obscur : l'assassinat violent, dans un bourg reculé de Silésie, d'un ouvrier communiste par cinq SA ivres et brutaux. Débordé par une base impatiente et altérée de pouvoir, Hitler fait une entorse à son légalisme proclamé et prend fait et cause pour les assassins. Devant la menace, le gouvernement commue la peine des meurtriers. L'Etat de droit prend fin : les nazis revendiquent une nouvelle légalité, qui fait des meurtriers des soldats et d'un crime un acte de guerre ou de justice. Ce fait divers invite à une histoire politique et culturelle de la République de Weimar, mais aussi du parti nazi : le contentieux entre la base SA et la hiérarchie du parti devait être réglé plus tard, lors de la nuit des longs couteaux.