L'Europe est confrontée à un défi comparable à celui qu'elle avait déjà connu à la fin du XVIIIe siècle. C'est à cette époque que furent inventés l'Etat national démocratique et, dans son sillage, le concept de citoyen. Le citoyen, politiquement individualisé et libre de critère d'appartenance lié à l'origine, participe à la définition de l'ordre politique et juridique de son pays et il le fait en portant son regard vers l'avenir. A cette individualisation politique du citoyen s'opposent, de nos jours, des courants nationalistes. Ceux-ci cherchent à enfermer, à nouveau, les personnes dans une identité collective liée à l'origine et à une vision passéiste. En dépit de cela, on voit émerger, dans l'Union européenne, une nouvelle figure étatique. Cette figure n'est pas un nouvel Etat ; elle repose, bien davantage, sur l'idée d'une institutionnalisation de la coopération. Les citoyens qui ont acquis leur individualisation politique peuvent devenir des citoyens européens, même si le pays dont ils sont ressortissants n'est pas membre de l'Union européenne. Les extraits de textes des auteurs suisses Denis de Rougemont (1965) et Alfred Kölz (2002) montrent certaines lignes convergentes entre la Suisse et l'Europe. La conception qu'on se fait, en Suisse, de l'Etat, conception fondée sur l'individualisation et le fédéralisme, n'est pas sans lien avec la culture politique qui se développe actuellement en Europe.
Gret Haller Ordre des livres






- 2018
- 2015
Gret Haller pose les bases d'une reconquête de la crédibilité des Droits de l'Homme. Un débat indispensable. Vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, les droits de l'Homme sont en crise. L'Occident les instrumentalise trop souvent pour justifier des interventions militaires, avec un discours «humanitaire» de moins en moins crédible. La notion même de droits de l'Homme résonne comme une formule creuse. Malgré ces tendances, l'équation fondamentale garde toute sa pertinence : les Droits de l'Homme doivent garantir à tous la même liberté, et chacun doit pouvoir démocratiquement participer à leur élaboration. En reconstituant la genèse historique des Droits de l'Homme, Gret Haller explique pourquoi la conquête de ces derniers est consubstantielle à celle de la démocratie. La formulation et l'actualisation des droits de l'Homme ne sauraient être déléguées durablement à une certaine expertocratie ou à des tribunaux constitutionnels. Seul le processus politique permet, progressivement, d'assurer l'ancrage, la pertinence et la solidité des Droits de l'Homme.