Souligne l'intérêt et la pertinence de la Philosophie du droit et traite de l'émergence dans l'Angleterre et la France du début du XIXe siècle de la question sociale, c'est alors la découverte et la lecture des réformateurs socialistes et communistes qui viennent déplacer l'ancrage hégélien de la pensée marxienne.
Dans son texte le plus connu, La Phénoménologie de l'Esprit - IV. A et B (1807), Hegel ne lie plus le problème de la lutte pour la reconnaissance à celui de l'appropriation, tandis que dans les textes d'Iéna, la Première philosophie de l'Esprit (1803) et la Philosophie de l'Esprit de la Realphilosophie (1805). Hegel rie séparait pas ces deux questions et s'interrogeait sur la légitimité du droit de propriété individuelle. Solange Mercier-Dosa propose, dans cet opuscule, une lecture serrée des premières versions hégéliennes du passage, par l'intermédiaire de la lutte pour la reconnaissance, de l'appropriation de la terre dans l'état de nature au droit de propriété. Si Hegel, en 1803, passe de la lutte pour la reconnaissance à l'Esprit du peuple, en 1805. il passe de celle-ci à l'idée de Constitution. Marx et Engels ne retiendront pas l'idée de lutte pour la reconnaissance et désigneront la lutte de la concurrence comme le fait d'un certain mode de production, tandis que Hegel propose de celle-ci une version philosophique. Hegel ne donne pas - en tant que conflit initial - un statut seulement historique à la libre concurrence. Que penser. aujourd'hui. de ces textes hégéliens d'Iéna, alors que la libre concurrence, le marché et la privatisation des moyens de production sont considérés comme les seules conditions naturelles et rationnelles de la production et de la consommation?
Le mérite d'A. Ruge, souligne l'auteur, spécialiste de la philosophie allemande du XIXe siècle, est d'avoir mis en lumière le caractère libéral de l'hégélianisme. Lecture attentive du texte de Ruge dans le contexte du débat de 1843-1844 entre le jeune Marx et les hégéliens de gauche.