Birger Sellin fut le premier auteur autiste, fonctionnellement non verbal, à être publié en Allemagne. Ses premières œuvres, en grande partie de la poésie et traduites dans le monde entier, ont offert des aperçus cruciaux sur l'esprit autiste. Les contributions de Sellin ont suscité d'intenses débats sur la communication facilitée pour les personnes non verbales, soulignant des questions profondes sur l'expression et la compréhension.
On le prenait pour un débile profond. On s'est rendu compte grâce à la communication assistée par ordinateur, que Birger Sellin était un être intelligent et sensible. L'écriture l'a aidé à sortir de son terrible isolement, mais il veut aller plus loin et s'intégrer dans la société.
"Je chante cette chanson depuis les profondeurs de l'enfer et appelle tous les muets de ce monde." Ainsi s'exprime Birger Sellin, autiste de vingt ans. Son apparence ? Celle d'un handicapé mental profond, se balançant, se frappant, se mordant, hurlant, haletant. Personne ne sait comment il a appris à lire et à écrire. Pourtant, lorsqu'on l'a placé devant un ordinateur pour tenter une expérience de "communication assistée", il s'est mis à composer des mots. Et ce qu'il écrit est bouleversant, poétique, déchirant. Ses textes traduisent une terreur absolue, mais aussi de la beauté et de l'émotion. On a parlé à son propos, non sans raison, de Hölderlin et d'Artaud. Pour la première fois, un autiste évoque pour "le monde d'en haut" les souffrances, les colères, les angoisses de celui qui, "enlisé dans les marécages du silence", ne se considère pas comme un être humain, mais voudrait désespérément rejoindre l'univers des vivants et ne plus être prisonnier de lui-même.