Malcolm Cook Ordre des livres

On ne peut nier l’importance et l’influence de la critique au 18e siècle. Son rôle dans la république des lettres est indéniable. Pourtant, ceux qui la pratiquaient sont mal connus. Étaient-ils des auteurs, des artistes eux-mêmes ou des professionnels aux marges de la société artistique ? Il importe d’éclairer leur rapport à l’objet critiqué avant d’étudier le discours qui en résulte. En effet, l’extension de la presse et des modes de diffusion installe la critique au cœur des débats littéraires et en fait un témoin irremplaçable des mutations esthétiques et sociales. Agent inséparable de la réception de l’œuvre, elle peut être au coeur de la polémique lors de la publication d’oeuvres novatrices et contestées dont elle constitue un métatexte riche d’enseignements. Toutes ces questions et ces problématiques sont analysées dans cet ouvrage, composé autour des actes d’un colloque qui eut lieu à Exeter en septembre 2004.

A travers les écrits de plusieurs auteurs (Marivaux, Grafigny, Baculard d’Arnaud, Sade, Mme de Staël, Pigault-Lebrun et Hugo), cet ouvrage offre une analyse de la réécriture entre 1700 et 1820. Ce phénomène littéraire englobe une grande richesse de pratiques différentes: parodie, imitation, traduction, adaptation, et pose la question des motivations des auteurs dans le choix des formes et des textes pris comme modèles. Tous les genres littéraires sont concernés: romans, pièces de théâtre et poésie, pendant une période qui est particulièrement riche.

A travers les regards de plusieurs auteurs (Voltaire, Diderot, Marmontel, Bernardin de Saint-Pierre, Mme de Charrière, Mme de Genlis et Mme de Staël), l’ouvrage analyse les différentes formes du genre court employées en France entre 1700 et 1820 dans les journaux ou les recueils. Le livre s’intéresse précisément à connaître les différences entre les contes et les nouvelles et à comprendre pourquoi certains auteurs choisissent le genre court tandis que d’autres sont aussi bien auteurs de contes et de nouvelles que de romans traditionnels. Il décrit également les liens entre la réalité décrite telle qu’elle est vécue et la fiction ainsi que l’utilisation de la narration par les journaux d’alors. L’ouvrage s’adresse à tous ceux qui étudient la littérature romanesque et, du fait qu’il montre les préoccupations des auteurs de cette époque, il plaira aussi aux historiens de la culture française.

Quels sont les rapports entre la fiction et la presse périodique en France au 18e siècle? Nous proposons des études qui analysent les liens très proches entre les deux formes: la presse sert à faire des comptes-rendus et des critiques, ce qui produit des variations et des améliorations dans les techniques littéraires. La fiction utilise la presse de façons diverses: elle cherche des histoires, des anecdotes dans les journaux, traduisant l'histoire en fiction; elle fait la publicité pour les romans - en donnant des extraits et des critiques de textes et d'auteurs. Ce livre présente l'histoire de cette parenté au cours du siècle et propose une étude qui est, avant tout, interdisciplinaire.