Theodor W. Adorno Livres
Theodor W. Adorno s'est imposé comme un philosophe et critique social allemand essentiel de l'après-Seconde Guerre mondiale. Son influence découle de la nature interdisciplinaire de ses recherches et de son appartenance à l'École de Francfort. Il a examiné rigoureusement les traditions philosophiques occidentales et a offert une critique radicale de la société occidentale contemporaine. Initialement entravée par des traductions peu fiables, l'œuvre d'Adorno a connu une résurgence dans les pays anglophones, grâce à des traductions améliorées et des publications posthumes qui consolident son impact sur l'épistémologie, l'éthique, l'esthétique et la théorie culturelle.







Au siècle dernier, Theodor Adorno s'impose comme l'un des rares penseurs à oser prendre parti en faveur de l'art moderne. Sa théorie esthétique tente de définir la nature et les enjeux de la création artistique, ainsi que son devenir, mis en danger par les industries culturelles de masse.
En convoquant aussi bien la musique que la peinture et l'architecture pour dessiner les correspondances qui s'établissent entre les arts, Adorno ouvre la voie à une idée neuve de l'oeuvre d'art et à une théorie de son écoute
Cette correspondance, publiée intégralement pour la première fois en français dans une traduction de Philippe Ivernel, éclaire les rapports entre deux des plus importantes figures de la vie intellectuelle du XXe siècle. Elle comprend plus de cent lettres, qui vont de quelques lignes sur des questions matérielles à de grands échanges théoriques, auxquels la forme épistolaire donne une liberté et une immédiateté uniques. Avec en toile de fond la montée du nazisme et les difficultés de l'exil, on voit passer dans ces lettres quantité de figures marquantes de l'époque, de Brecht à Scholem, de Bloch à Kracauer. Les travaux d'Adorno sur la musique et sur Kierkegaard, les notions centrales chez Benjamin - l'aura, le messianisme, la relation entre l'ancien et le nouveau -, la lente élaboration de son grand ouvrage sur les Passages, toute cette activité intellectuelle se trouve ici exposée avec le charme qu'apportent les notations sur la vie quotidienne et l'amitié entre les êtres.
" Une anticipation qui tient du rêve " : c'est en ces termes qu'Adorno caractérisait rétrospectivement ses premiers écrits philosophiques. Contemporains du livre sur Kierkegaard (1933), " L'actualité de la philosophie ", " L'idée d'histoire de la nature " et les " Thèses sur le langage du philosophe " font ressortir l'unité et la continuité de cette pensée dont ils marquent le coup d'envoi. Témoignage essentiel sur la situation de la philosophie en Allemagne à la veille du nazisme, ces trois textes montrent Adorno aux prises avec Husserl, Heidegger, Lukacs, à la recherche d'une nouvelle pensée de l'histoire et de la société qui permette à la philosophie de répondre à la crise de l'idéalisme et à la menace de liquidation que les progrès des sciences font peser sur elle. Profondément marqué par la lecture de Benjamin, le contre-programme que formule Adorno constitue également une sorte de " discours de la méthode " qui fixe le cadre théorique où se déploieront tous ses travaux à venir, jusqu'à la Dialectique négative et la Théorie esthétique.
Minima Moralia est, selon Habermas, le " chef-d'œuvre d'un écrivain égaré parmi les fonctionnaires " ; autrement dit, l'invention d'une écriture anti-autoritaire. Entre les moralistes français, Marx et les romantiques allemands, Adorno entreprend, à travers de courts chapitres, vignettes, instantanés, une critique du mensonge de la société moderne, pourchassant au plus intime de l'existence individuelle les puissances objectives qui la déterminent et l'oppriment. Ce livre, qu'il convient d'étudier comme une somme, est à accueillir comme un art d'écrire, à méditer comme un art de penser et à pratiquer comme un art de vivre. Mieux : un art de résister.
Sélection d'essais et d'extraits de textes paru dans des revues aujourd'hui introuvables des anciens travaux de la production de littérature musicale conçue dès l'époque de la jeunesse de l'auteur.
Current of Music est le nom qu'Adorno avait choisi pour le livre qui devait rassembler la plupart des textes présentés ici. Élaborés dans le cadre d'un projet de recherche sociologique américain entre 1938 et 1941, écrits en anglais, ces travaux entendaient faire le point sur la radio, ce " courant musical " qui, selon le philosophe, définissait alors l'actualité de la musique. En dialogue constant avec Benjamin, Adorno étudie de manière détaillée les effets que peut avoir le médium radiophonique sur la perception de la musique et propose une réflexion nuancée sur l'un des premiers vecteurs de la culture de masse. Parallèlement, la collection Philia propose, avec l'ouvrage de Philippe Baudouin sur Walter Benjamin et la radio (Au microphone : Dr. Walter Benjamin. Walter Benjamin et la création radiophonique, 1929-1933), une plongée dans les débuts de la réflexion sur les " médias ".
Selon Herbert Marcuse, ce qui relevait de la philosophie pour Hegel est désormais du ressort de la théorie sociale. Cette transition est cruciale pour aborder les écrits sociologiques d'Adorno, qui examine les possibilités d'une théorie critique de la société fondée sur l'expérience empirique. Trois dimensions sont essentielles pour une compréhension critique de la réalité sociale. D'abord, l'expérience d'un pouvoir anonyme qui pèse sur les individus, issu du contrôle des entrepreneurs sur l'appareil de production, établissant un lien indissoluble entre société et domination. Ensuite, l'idée d'un monde administré met en avant la primauté du Tout sur les parties, soulignant l'impuissance de l'individu, qui apparaît comme un simple rouage au service de fins irrationnelles, tout en étant investi de pulsions. Enfin, il est crucial d'éviter un dualisme entre l'objectif et l'intériorité, en reliant les contradictions sociales à la dynamique historique, afin d'envisager des passages de l'impuissance à la résistance. Les réalités sociales qu'Adorno examine, bien que historiquement déterminées, résonnent avec notre époque, assurant ainsi la pertinence de ses textes. Leur dimension politique est également marquante, évoquant une utopie démocratique et dénonçant l'éclipse de l'imagination, tout en affirmant qu'une société émancipée est possible. Un mot d'ordre pour cette sociologie : comprendre l'incompréhensible.