Théorie générale des normes
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Hans Kelsen fut un juriste et philosophe influent dont l'œuvre a considérablement façonné la pensée juridique et politique moderne. Reconnu pour sa "Théorie Pure du Droit", il fut un ardent défenseur de la démocratie dont les idées s'étendaient à la science juridique, à la philosophie et à la théorie sociale. Les contributions intellectuelles de Kelsen eurent un impact profond sur des domaines allant de la jurisprudence aux relations internationales, l'établissant comme un penseur majeur de son époque. Son approche rigoureuse et son accent sur le positivisme juridique restent centraux dans les discussions contemporaines sur la justice et la gouvernance.
Kelsen, Scelle, Virally : trois internationalistes majeurs, trois auteurs qui ont contribué au développement de la théorie du droit. On imagine une journée d'études où ces trois-là dialogueraient sur les questions fondamentales de la pensée juridique. Une telle rencontre n'a jamais eu lieu, mais Kelsen a laissé dans ses papiers une longue étude sur Scelle (" Droit et compétence : remarques critiques sur la théorie du droit international de Georges Scelle ") et un texte plus court de réaction aux critiques formulées par Virally, dans La pensée juridique, contre la Théorie pure du droit (" La Théorie pure du droit dans La pensée juridique "). Ces textes publiés en allemand, de façon posthume, en 1987, attendaient d'être traduits pour que la doctrine française puisse pleinement profiter des réflexions de Kelsen sur ces auteurs qui, tous deux, sont des représentants majeurs de la doctrine française du droit international et de la théorie du droit. Peut-être se trouvera-t-il quelqu'un, dans cette doctrine, pour reprendre la discussion là où Kelsen l'a laissée et aller plus loin.
La démocratie n'est pas le plus connu des livres de Hans Kelsen. Cette méconnaissance s'explique : de Kelsen on connaît surtout La théorie pure du droit qui domine la philosophie du droit du xxe siècle. Kelsen est le théoricien du positivisme juridique dans lequel le droit est dégagé de ses fondements idéologiques et moraux. Kelsen s'applique à dégager les normes et leur hiérarchie et devient le fondateur du normativisme juridique.Ce plaidoyer pour la démocratie pourrait donc a priori paraître paradoxal. Il n'en n'est rien, sa théorie de la démocratie entretient avec le positivisme juridique des raports étroits. C'est l'idée démocratique et non la réalité politique qui est ici étudiée. Pour c'est la liberté et non l'égalité qui est la racine de l'idée démocratique . Les individus doivent être autonomes, soumis aux normes qu'ils ont eux-mêmes posées. Kelsen passe en revue toutes les notions associées à la démocratie et demontre que la volonté democratique n'est pas la volonté générale notamment parce que l'exercice des droits est limité. Défenseur de la représentation proportionnelle, Kelsen fait parfois des propositions hardies qui trouveront aujourd'hui une actualité incontestable : dissolution automatique du Parlement, contrôle des élus par les électeurs, supression de l'immunité parlementaire...
Aux lecteurs convaincus de l'importance de la culture juridique, Les sens du droit entendent proposer une intelligence critique des sociétés contemporaines et des débats qu'elles suscitent à travers Essais et Citations. Fruit d'une controverse juridico-politique de l'entre-deux-guerres, Qui doit être le gardien de la Constitution ? constitue une des critiques les plus lucides et pénétrantes de Carl Schmitt. En défendant la légitimité d'une juridiction constitutionnelle, Hans Kelsen, dans cet essai de 1931 inédit en langue française, entend contrer plus largement son adversaire sur sa théorie du droit, de l'Etat et sa conception de l'équilibre des pouvoirs, très orientée vers la revalorisation de la fonction présidentielle. L'affrontement intellectuel entre ces deux juristes, inévitable tant leurs doctrines divergent, soulève également des questions de méthode et de rigueur intellectuelle, dont Kelsen souligne l'insuffisance chez Schmitt. Le juriste viennois prend Schmitt en flagrant délit de contradiction dans l'argumentation et souligne les " mythologies " politiques qu'il véhicule, impropres à penser la question démocratique, au XXe siècle. Témoin d'un très vif et ambitieux débat entre juristes à Weimar, Qui doit être le gardien de la Constitution ? recèle, en outre, un intérêt contemporain, notamment dans cette discussion sur la compatibilité entre démocratie et juridiction constitutionnelle.
Dans cet essai célèbre et inédit en langue française, le juriste et philosophe autrichien analyse d'une façon claire et succincte les conceptions de la justice les plus marquantes, et les difficultés qu'elles engendrent. La question de la justice se pose lorsqu'on cherche des solutions aux conflits d'intérêts. Kelsen montre qu'aucune valeur absolue ne peut rationnellement prescrire la meilleure solution. Ainsi, nous resterons inévitablement avec une pluralité de conceptions rivales de la justice. Il en découle que la morale ne peut être le fondement du droit. C'est ce que Kelsen explique en détail dans "Droit et morale", tiré de sa Théorie pure du droit. Parce que les jugements de valeur dépendent de nos sentiments, seule la tolérance permettra leur discussion critique, encourageant ainsi les institutions démocratiques.